Qui suis-je ?
C’est une question légitime.
Je m’appelle Maxence Fournaux.
Minot, je voulais être inventeur. Bricoler des trucs et changer le monde.
Aider les autres par la technologie.
C’est pour ça que j’ai fait ingénieur.
Et puis j’ai fait mon stage dans une boîte géniale avec un inventeur fou de 50 ans qui construisait une machine pour concentrer les rayons du soleil à haute température.
Avec nos 400°C on pouvait décarboner quasiment toutes les industries agro-alimentaires.
On était contents, l’industrie c’est vraiment le secteur où l’humanité va galérer sérieusement lorsqu’elle aura plus de combustible (tout est fait avec du gaz et du fioul. Tout, tout, tout)
Bref, une invention géniale.
Et une marché colossal.
Sauf que mon Géotrouvetout, lui, c’était pas son kiff le marketing.
Et l’invention est restée une invention, faute de clients.
Elle n’a jamais dépassée le stade du prototype.
C’est à ce moment que j’ai pris conscience que des milliers de brevet dormaient sur les étagères de l’INPI (le bureau des brevet).
Un véritable cimetière d’idées qui auraient pu faire bouger les choses.
Des héros avortés.
On dit souvent que ce qui tue un rêve c’est de ne pas persévérer.
C’est vrai.
C’est triste de voir mourir des rêves.
Mais le plus dur à regarder, c’est de voir des génies incompris mourir avant d’avoir eu l’impact qu’ils méritaient.
Saint Exupéry, à la toute fin de son livre Terre des Hommes, racontait, alors qu’il voyage en train dans une classe populaire : .
» Je m’assis en face d’un couple. Entre l’homme et la femme, l’enfant, tant bien que mal, avait fait son creux, et il dormait. [..] Ah ! quel adorable visage ! Il était né de ce couple-là une sorte de fruit doré. […] Je me penchai sur ce front lisse, sur cette douce moue des lèvres, et je me dis : voici un visage de musicien, voici Mozart enfant, Voici une belle promesse de la vie. Les petits princes des légendes n’étaient point différents de lui : protégé, entouré, cultivé, que ne saurait-il devenir ! Quand il naît par mutation dans les jardins une rose nouvelle, voilà tous les jardiniers qui s’émeuvent. On isole la rose, on cultive la rose, on la favorise. Mais il n’est point de jardinier pour les hommes. Mozart enfant sera marqué comme les autres par la machine à emboutir. Mozart fera ses plus hautes joies de musique pourrie, dans la puanteur des cafés-concerts. Mozart est condamné.
Et je regagnai mon wagon. Je me disais […] C’est quelque chose comme l’espèce humaine et non l’individu qui est blessé ici, qui est lésé. […] Ce qui me tourmente, c’est le point de vue du jardinier. […] Ce qui me tourmente, ce ne sont ni ces creux, ni ces bosses, ni cette laideur. C’est un peu, dans chacun de ces hommes, Mozart assassiné. «
Ca me fout le cafard rien que d’y penser.
C’est pour ça que j’ai passer ces 6 dernières années à tout apprendre sur le marketing : les vieilles techniques, les stratégies, les courants à la mode, les hacks, la psychologie, et même la manipulation et l’art ancestral de la persuasion.
Je me suis aventuré dans les tréfonds de la magie noire.
Mais il le fallait, c’était vicéral.
Sauver le Vivant.
Et pour cela, il fallait sauver les Mozart de leur assassinats.
Je ne voulais plus me retrouver avec un autre Géotrouvetout, à le regarder dépérir sans pouvoir lui donner un coup de main.
Voilà comment j’en suis venu à écrire un mail par jour à cette merveilleuse communauté de Robin des Bois.