Connaissez vous l’histoire (terriblement) banale de ce conducteur de train polonais ?

Dans un article que j’écrivais il y a peu, je faisait mention du GreenWashing.

C’est un thème important à clarifier dès le début lorsque la communauté de Robin des Bois que vous rassemblez se rejoint sous l’étendard d’un projet un peu farfelu du nom de Marketing Résistant.

Ou situe-t-on la limite du marketing de l’éthique (rendre désirable ce qui est nécessaire) et le Greenwashing (vendre plus sous couvert d’écologie) ?

Il en va de même avec les jobs issus de l’économie sociale et solidaire et les boulots “de l’ancien monde” qui ont tout de même apporté l’abondance, le confort et la sécurité dans nos sociétés (mais pas forcément dans celles des autres d’ailleurs…mais passons).

(Vous comprendrez pourquoi avec l’histoire du conducteur de train polonais.)

La limite, si elle n’en reste pas moins ténue pour le profane, est finalement assez simple.

Est ce que votre activité et celle de votre entreprise (et même de vos clients) a pour but de rendre le monde meilleur ?

Ou bien est ce que vous vous dîtes Green juste parce que vous avez fait une action qui vous rend 10% moins polluant ?

L’inconvenient de cette réflexion c’est qu’elle demande un peu de prise de hauteur.

Tout dépend du cercle de conscience, ou de votre référentiel de pensée.

On peut très bien faire le bien dans un mécanisme qui produit le mal.

J’y reviens.

Et à ce titre, je vais me risquer à une comparaison que vous pourrez allègrement trouver scandaleuse.

Spoiler: c’est à ce moment là que rentre en scène le chauffeur de train polonais.

(Je persisterai et signerai à la conclusion de cet article)

Admettons que vous travaillez pour une célèbre compagnie spécialisée dans l’industrie pétrole-gaz.

Vous êtes ingénieur.e et fabriquez des tuyaux hightech résistants à la corrosion et aux pressions les plus dingues.

Votre mission est avant tout de bien faire vos calculs pour être certain de ne pas déclencher de désastre écologique pour cause de fuite (dans le genre marée noire).

Et je dirai même, de la manière la plus économique qu’il soit, pour être certain qu’on ne fasse pas de coupe budgétaire sur la sécurité.

Très bien.

Quand vous rentrez le soir chez vous, vous vous endormez donc satisfaits de deux choses :

  • D’une part vous avez bien fait vos calculs et aucune catastrophe n’est à prévoir
  • D’autre part vous travaillez à alimenter en énergie et en produits pétrochimiques notre société (l’énergie bon marché et les dérivées des molécules organiques de la chimie sont la base de quasi toutes nos innovations, et nous permet de survivre et de manger, notamment via la production d’engrais)

Niveau paradis, vous aurez une place de choix pour toute cette mission accomplie, ses services rendues à la société.

Et puis, quand bien même une petite voix vous dit que bosser dans ce domaine n’aide pas franchement à lutter contre le plus grand fléau des 10 000 ans de l’humanité (bonjour Réchauffement Climatique), vous vous dîtes que finalement :

Il faut bien que quelqu’un s’y colle et que vous n’êtes qu’un tout petit rouage d’une machine qui vous dépasse.

Vos actions, de toute façon, n’influencent en rien la grande tendance globale.

Et, à vrai dire, vous auriez probablement raison.

Votre raisonnement tient la route.

Je dirai même que vous avez raison comme un conducteur de train polonais sympathisant du parti national socialiste en 39-45.

Vous ne faîtes que conduire un train.

Qu’importe où il va et ce qu’il transporte.

Qu’importe qu’il emmène des Vivants dans les camps de la Mort.

Vous n’êtes qu’un simple mécanicien avec une famille à nourrir.

J’entends déjà les indignations pointer à la fin de ces lignes.

Comment puis je oser faire une comparaison pareil ?

Mais pas si vite, vous faîtes fausse route.

D’aucun pourrait croire que je traite de collabos-nazi un.e simple ingénieur.e travaillant dans l’industrie pétrolière.

Ce n’est pas tout à fait ça.

Ce serait plutôt l’inverse même.

J’aimerai plutôt considérer, comme l’avait fait Hannah Arendt avant moi, la banalité de notre chauffeur de train.

Un job comme un autre, une personne comme une autre, qui aurait pu être remplacée par n’importe qui ayant fait quelques études dans le domaine.

Nul besoin d’être un monstre pour conduire un train.

(et pas besoin d’aller jusqu’à arguer que l’eugénisme nazi était un enfer pavé de leurs “bonnes” intentions.)

Au contraire même.

Je pense à ce conducteur de train, et aux problèmes qui occupent son esprit en rentrant le soir chez lui.

Juste un profond désir de mettre sa famille à l’abri du besoin.

Le reste le dépasse.

Alors à quoi bon ?

Et puis ce n’est pas lui qui commande les vannes, il ne sait même pas ce qui se trame là bas.

Voilà comme on fabrique, pièce par pièce la banalité du Mal.

Et aujourd’hui, non pas face un innomable génocide de plusieurs millions de mort en l’espace d’une guerre de 5 ans, minuscule fenêtre de temps dans l’histoire de la planète,

Mais face à une extinction de masse du Vivant comme l’humanité n’en a jamais connu,

(à un rythme affolant équivalent à l’impacte d’un astéroïde tout de même)

Et face aux conséquences véritablement dramatiques (ne serait ce que pour l’Humain) que va enclencher le dérèglement climatique et l’appauvrissement énergétique,

Je pose cette question : êtes vous, chacun et chacune, aussi banal qu’un conducteur de train ?

Ou bien est ce que vos talents ne seraient pas plus utiles aux côtés des Résistants ?

Et puis, qu’aurait fait notre chauffeur s’il avait su la destination qu’il rejoignait ?

Aurait-il continuer comme si de rien n’était ?

Par amour pour sa situation, l’économie de son pays, le bonheur de sa famille ?

Ou aurait-il quitter le mensonge de ce confort aux allures d’esclave dans une maison dorée ?

La réponse, probablement et heureusement, est encore à construire.

« Qui que vous soyez, où que vous soyez, nous avons besoin de vous »

Greta Thundberg, 16 ans, activiste contre le réchauffement climatique

Pour rejoindre la communauté de Résistants en devenir dont je vous parlais plus haut, il y a cette porte d’entrée : www.marketing-resistant.com . A très vite 😉

Connaissez vous l’histoire (terriblement) banale de ce conducteur de train polonais ?

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