Petite voix énervante : « Mais tu sais, Rome ne s’est pas faite en un jour ! »
Ouaip. Je comprends.
C’est pas très parlant (j’ai jamais foutu les pieds à Rome, et en plus y’a Rome la civilisation et Rome la ville qui sont deux choses qui n’ont rien à voir),
Mais je comprends.
Sauf que le temps presse.
(je vous refait pas encore une fois le discours, même s’il le faudrait : le vaisseau spatial a ses fonctions de survies qui déconnent et personne ne réparent. Des gens, humains et non humains, meurrent. Et la team mécano-resistance peine à se former pour réparer)
Le temps presse, alors nous sommes pressés.
On a besoin que Rome se construise en un jour.
Merde.
C’est toujours pas parlant.
OK.
Remémorez vous plutôt la rando la plus hardcore qui vous a mené à un paysage magnifique mais qui vous a épuisé.
Vous l’avez en tête ?
Super gardez le au chaud.
Et voilà où je veux en venir.
Vous êtes un randonneur impatient (je sais, parce que moi aussi, pendant de longues années).
Alors quand on vous dit qu’il faut 4h pour monter la montagne et qu’il faut être pas mal entraîné, vous dîtes « argh, ça fait trop, j’ai pas le temps ».
Vous demandez donc à toutes celles et ceux qui descendent de la montagne (et qui paraissent pas si fatigués en plus) :
« Bon alors, c’était bien en haut ? Vous avez pris quel raccourci ? »
« Le chemin de gauche, la vue est top mais il fait froid. »
« Super merci ! Et ça vous a pris combien de temps par ce chemin ? »
« 5h 36 minutes »
« Mais c’est pas du tout un raccourci ! »
« Arf, je me suis pas trop posé la question. Bon, salut ! »
Et puis, vous comme moi, on passe des semaines entières à aller demander à tout le monde :
« On a les bonnes chaussures ?
Ca fait quoi d’y être ?
Quels sont les livres que vous recommandez pour y arriver ?
L’équipe c’est important ?
C’est quoi qui vous a fait gagner 3 minutes dans votre ascension de 2018 ? »
Vous comprenez , c’est important, il faudrait pas qu’on perde notre temps à choisir le mauvais sommet, y aller mal préparer ou louper THE raccourci.
On se met à croire au mythe de l’ascenseur caché au coeur de la montagne.
Ce truc qui emmène les gens tout en haut.
Il doit forcément exister.
L’ascension représente 20000 pas.
C’est impossible de répéter ce même mouvement aussi longtemps.
On ne nous dit pas tout.
Où est l’ascenseur ?
La vérité vraie ?
L’ascenseur, c’est nos jambes.
Y’a pas de machine.
Si vous voyez quelqu’un au 24 ème étage de la montagne,
C’est que FORCEMENT il a dû répéter 20 000 fois un geste aussi stupide, con et inintéressant que mettre un pas devant l’autre.
Le raccourci ?
C’est de le comprendre assez tôt.
On peut vous donner mille conseils sur les hacks de croissances, l’équipe, le réseau, la stratégie, le marketing, et bla et bla et bla.
Oui, c’est mieux de partir en rando avec des barres de céréales et une gourde d’eau.
C’est important. Sans ça on risque gros.
Mais c’est pas un raccourci ni un ascenseur.
Ni un super haricot magique qui vous donne la force de Sangoku.
Le raccourci, c’est de ne pas faire le tour de la montagne en en cherchant un.
Le raccourci n’est pas cartographier et n’est pas indiquable.
Le raccourci c’est de faire, de commencer.
Pendant qu’on cherche le chemin parfait pendant des semaines,
Y’en a d’autres qui grimpent la montagne et arrivent au sommet.
Peut être au prix de moulte rebrousse chemin.
Peut être au prix de galères.
Mais ils y sont, et ils changent un bout du monde.
Y’a pas d’ascenseur au coeur de la montagne .
Juste vos pattes.
Et la Résistance qui a eu vent de votre projet.
La Résistance qui espère vous voir réussir.
Comme tous les Vivants qui se font décimer.
Tardez pas trop au pied de la montagne.
Et vous arrêtez pas en chemin trop longtemps non plus.
On a besoin de vous.
A demain.
Maxence
PS: Le temps presse. On a pas le temps de chercher l’ascenseur. Il faut grimper. Vous venez ?
