Je l’ai rencontré hier.
Il s’appelle Samuel et il voulait avoir plus d’informations sur nos supers Fours Solaires Professionnels.
Sauf que son projet était bien plus grand que ça.
Je suis resté sur le cul.
Le gars a 27 ans, est tout seul, et se bat pour construire son rêve.
Et quand je dis « se battre », c’est pas moins que chercher 7 millions d’euros (alors que personne ne le connait),
Faire des dizaines de visites à travers la France de châteaux à vendre,
Et infiltrer les politiques régionales et les mairies pour que le futur puisse advenir dans un cadre légal.
Son rêve ?
Racheter des châteaux pour en faire des écolieux,
En faire des « mini-villes » où il y a assez de monde (300 personnes !) pour croiser toujours des nouvelles têtes et avoir de la diversité,
Y faire de l’activité low-tech résiliente et engagée.
En bref, bâtir un futur souhaitable de toute pièce.
Et tout ça dans des cadres magnifiques,
Pour donner envie de dupliquer le modèle.
Ce gars là a tout compris.
Il a monté son site en deux temps trois mouvements pour « faire comme si » ça existait déjà,
Pour qu’on puisse se projeter.
Il a réuni sa communauté d’enthousiaste en participant sur des groupes Facebook,
Il a récolté leur adresse email en leur posant des questions ciblées,
Il réalise son « product-market fit » (la rencontre entre l’offre et le marché).
La Lytefire 11 (c’est le petit nom de notre super four solaire à 450°C et 8kW de puissance) n’est presque qu’un amuse bouche pour lui.
Juste un moyen de faire de l’artisanat solaire, low-tech,
Et de faire vivre plusieurs personnes avec une seule machine,
En rendant son usage collectif.
Samuel a tout compris.
(et croyez moi, je vois passer des entrepreneurs à longueur de journée)
Et pourtant il est seul.
Je me suis rendu compte ce matin que ce qui me faisait tenir quand j’avais envie d’abandonner,
Ces moments où l’on n’y croit plus assez,
Ou c’est trop dur, trop exigeant, trop en dehors de ma zone de confort,
Ce qui me fait tenir,
C’est que ces héros se réalisent, qu’ils ne se sentent plus seuls.
Vous savez ces moments où vous avez la flemme ?
Ou lorsque vous venez de vous prendre un méchant pain dans la gueule et que vous êtes par terre.
(qu’est ce qu’on est bien par terre, à s’abandonner dans le KO, lâcher les armes et prétendre qu’on a trop mal pour continuer… quel délice. Aussi doux qu’appuyer sur « snooz » lorsque le réveil sonne. On est bien… allez encore quelques minutes de repis… pas envie d’y retourner. Endormissons nous une bonne fois pour toute, c’est tellement plus confortable et agréable que de se relever)
Vous voyez ce sentiment ?
Toutes ces petites voix qui vous disent de rester là la gueule par terre, que le tatamis est quand même vachement supportable ?
Et ben l’un des seuls trucs qui me fait me relever,
Ce n’est pas « mes rêves », « l’argent » (même si j’adore l’argent, que ça permet de faire plein de trucs cool et engagés), ou l’amour du défi / dépassement de soi.
(tout ça c’est utile dans la course, quand on a de l’élan, pour aller plus loin. Mais ce n’est pas ce qui me fait me relever)
Non, ce qui me fait me relever,
C’est de visualiser un.e autre génial.e qui se sent terriblement seule,
Probablement sur le point d’abandonner.
Un Soleil qui ne voit pas les planètes, les mondes, les vivants qui resplendissent grâce au seul fait qu’il rayonne son énergie dans le « presque » vide.
Rien ne m’attriste plus de voir une étoile s’éteindre sans avoir eu conscience que des planètes gravitaient autour d’elle.
(imaginez vous bien si pour nous Mars et Vénus, qui sont nos plus proches voisines, nous paraissent être des petits points brillants,
C’est bien que le Soleil, lui, ne nous voit quasiment pas : on est des micros points brillants parmi tant d’autres pour lui)
Et cette urgence est si forte que ça me permet d’être là,
De lutter contre cette volonté de confort de rester gentillement la gueule par terre épuisé.
C’est mon « Pour quoi ? ».
Que (les) Mozart ne se fasse pas assassiné.
A vous de trouver le vôtre.
Ce qui fait que vous vous relevez.
Ce qui fait que vous allez continuer même si vous allez vivre déception sur déception avec ce projet qui vous tient à coeur (jusqu’à ce que ça marche),
Ce qui fait que nos entrepreneurs solaires vont braver toutes les barrières à l’entrée qui voudront que le monde reste comme il est,
Ce qui fait notre ami Samuel se démène comme un beau diable,
(d’ailleurs allez voir son site www.ruches.co/ et si vous avez un peu de ressources/compétences, contactez le pour qu’il vous explique tout)
Trouvez ce truc et connectez y vous par l’imagination à chaque fois que vous avez envie de lâcher l’affaire.
(Moi c’est un petit garçon de 16 ans, tout seul dans sa chambre qui ne comprend pas la masquarade du monde et qui se sent terriblement seul. Serein mais seul.)
C’est votre exercice pour aujourd’hui.
A vous de jouer.
Les entrepreneurs Robin.e.s des bois ont besoin de se connecter à ce qu’ils ont dans les trippes.
A demain.
Maxence