Dans l’imaginaire collectif, un vaisseau spatial, ça ressemble à celui de Star Trek.
Mais ça c’est la version militaire.
Il y en a d’autres.
Par exemple, ceux que les auteurs de science fiction imaginent pour nous faire voyager pendant des décennies, voir des siècles, à travers le cosmos.
Ce sont, en quelque sorte, d’immenses vaisseaux cités, à l’intérieur desquels il faut pouvoir assurer la paix sociale et le bien être de habitants sur le long terme.
Ils sont donc designés avec des fonctions “superflues” comme des parcs, des espaces de rencontres, de fête, etc.
On veut qu’il y fasse bon vivre car on sait que le plus gros risque, à bord d’un vaisseau, c’est le facteur humain.
Mais je ne vous raconte pas tout ça pour le plaisir de rêver.
Ces mondes là ont une économie bien à eux.
Ils n’apparaissent pas tant différent de notre économie réelle en ce sens où il y existe de l’argent, les gens ont un travail, des loisirs, des spécialités.
Comme chez nous, tout s’échange et se monnaie.
Il existe des entreprises ou du moins des structures qui ont le rôle d’acteur économique.
Très bien.
Mais vous me voyez venir, il y a quand même quelque chose de fondamentalement différent.
D’une part il y a les ressources, qui sont limitées (énergie, espace, eau, air, nourriture, métaux, etc.).
D’autre part les “communs”, le vaisseau tout entier, qui est assez présent dans la conscience collective, car il est la condition de survie de l’équipage (mais aussi parce qu’on en voit tout simplement les limites).
Et enfin, tout l’équipage, qui a conscience de sa mission : faire en sorte que l’ensemble de l’équipage se porte au mieux pour maximiser les chances de survie sur le long terme.
Il faudrait pas qu’un cinglé pète un câble, détourne les éléments vitaux du vaisseau, déclare des guerres pour piquer des ressources ou par complexe d’infériorité, ou encore s’amuse à gaspiller outre mesure.
Mais basiquement, c’est finalement assez simple.
Pas trop de surpopulation, gestion circulaire des déchets-ressources, et une certaine sobriété dans la consommation.
On imagine de surcroît que si un économiste à la barbe blanche naissait dans ce monde là, il n’écrirait pas de sottise telles que la valeur est seulement générée par le capital et le travail (spoiler, c’est l’énergie), ni que l’environnement est infini.
Bon, très bien.
La question qui vient est alors : pourquoi, nous, Terriens, n’avons pas une économie de vaisseau spatial ?
(alors qu’on sait pertinemment, depuis Magellan, non pas tant que la Terre soit ronde, mais qu’elle est finie et qu’on peut en faire le tour)
Nous vivons à bord d’un vaisseau spatial.
Il a juste le défaut d’être un peu trop grand pour qu’on s’en rende compte.
Et pourtant, tout est là.
On pourrait très bien organiser une société qui ne ressemble pas à la préhistoire, dans laquelle les ressources sont finies, les communs sont littéralement vitaux, le voyage incroyablement long et l’extérieur terriblement désertique et mortel.
Il suffirait pour cela de prendre conscience collectivement qu’on est un équipage.
Une sorte de nouvelle religion, mais véridique celle là.
Qui n’aurait pas pour but d’expliquer ce qui est hors de l’entendement culturel, mais bien de faire prendre conscience d’une vérité trop grande pour être vue de nos yeux.
Alors, armé d’un tel récit, peut-être que homo-economicus pourrait véritablement devenir sapiens-sapiens.
Mais là n’est pas le plus important.
La véritable question est plutôt : qu’est ce qui n’existerait pas dans un tel monde ?
Quelles sont les fonctions, les métiers, les entreprises qui paraîtraient complètement ridicules ou pire malsaines pour le reste de l’équipage ?
Y verrait-on de la publicité à outrance et la frustration qu’elle stimule afin de toujours consommer plus ?
Y fera-t-on l’apologie du matériel et des belles choses ? Sacralisera-t-on la croissance ? Vomira-t-on d’obsolescence programmée ?
Et la deuxième question, plus importante encore, celle qui nous intéresse nous, en tant qu’individu :
Quel métier aimeriez vous exercer à bord de ce vaisseau Terre ?
Participerez vous, comme tant d’autres, au sabotage du vaisseau sous prétexte du « système » et de la “banalité de son Mal”, comme dirait Hannah Arendt ?
Serez vous de ceux qui jouissent de la vie alors que d’autres rafistolent le navire ?
Ou bien mettrez vous vos talents, votre personnalité, votre créativité, votre intelligence, votre empathie, votre stratégie ou encore votre réseau, au service du bon fonctionnement du vaisseau et du bien-être de l’équipage ?
Le siècle qui arrive a ça de magnifique qu’il pose cette question.
Nous sommes à bord d’un vaisseau spatial.
Quelle y est notre mission ?
Si vous êtes coincé dans un job qui ne contribue pas franchement à réparer le vaisseau Terre, vous pourrez certainement trouver de quoi changer de vie en vous inscrivant ici : www.marketing-resistant.com