Il faut que je vous raconte un truc sur l’empathie.
C’est une notion dont on n’entendait quasiment pas parlé y’a 10 ans.
Et aujourd’hui c’est utilisé complètement à tord et à travers.
Certains la confondent avec la gentillesse, d’autres avec l’écoute.
Mais c’est plus profond que ça.
En tout cas de mon point de vue.
Je vais prendre un exemple qui va vous faire sourire et vous comprendrez dans la suite en quoi ça peut impacter votre projet.
Tous les matins j’écris devant la fenêtre de mon jardin.
Et pour aider quelques jolis z’oiseaux à passer l’hiver (vu qu’ils ne trouvent plus à bouffer parce que y’a du béton et des champs stériles bourrrés de pesticides de partout pour qu’on puisse manger de la viande – c’est notre déforestation française), on leur a mis à disposition un petit bac de graines dans le jardin, un peu à l’écart, au pied d’un arbre.
Ca marchait plutot pas mal, un petit piaf qui vient, hésitant, tous les matins.
J’étais content de ce rendez vous quotidien.
Et puis, v’là t’y pas que dans un moment de méditation-rêverie je me mets à me projeter dans le corps du petit moineau.
Je me met à regarder l’appartement avec ses yeux.
Les autres oiseaux qui tournent autour.
Je vois ce bac de graine, et personne aux alentours.
Franchement, j’hésite.
J’ai faim, mais ça me parait louche.
Un peu comme un buffet à volonté qui sent très bon, complètement ouvert, et un grand panneau “Servez vous et régalez vous. C’est gratuit.”
Trop beau pour être vrai ?
Imaginez ça en plein centre ville pour de vrai… c’est louche, on ne va pas y rentrer la fleur au fusil.
Et puis, pourquoi est-il à terre et autant “à volonté” ?
Au sol, il y a toujours le risque des chats, c’est dangereux.
Ils nous chassent, j’ai perdu plusieurs copains comme ça.
Est ce que les chats savent poser des pièges ?
Ou savent ils profiter du moindre de nos points d’intérêt pour nous tendre une embuscade ?
Bref, j’hésite, je tourne autour du pot pendant 5 minutes (au risque de me faire attaquer, mais j’ai peur), je pique une graine vite fait et part à toute vitesse, au cas où.
Faudrait pas qu’une vieille mégère sorte avec son balais pour nous chasser.
Retour dans mon corps d’humain.
Je ne vois plus le moineau comme avant.
Mon offre de bac à graine me paraît complètement absurde.
Si vraiment je veux aider les oiseaux, et pas seulement me flatter de les regarder en me disant que je suis un mec cool et gentil, je dois faire autrement.
Par exemple, je peux disperser les graines, pour que ça paraisse moins louche.
Ou alors mieux, je peux mettre le bac là où ils se sentent en sécurité, dans un arbre par exemple.
C’est vrai que je les verrais moins bien, mais après tout, est ce que je fais ça pour les aider eux ou pour me satisfaire moi ?
J’ai mis le bac dans un arbre.
La fréquentation a tout simplement été multipliée par 5, preuve que ma rêverie méditation empathie n’a pas servi à rien.
Je suis mignon avec mes histoires de piaf, pas vrai ?
Peut-être.
Mais là n’est pas l’important.
L’empathie, ce n’est pas de la gentillesse.
C’est la capacité à se téléporter dans le corps et dans l’esprit de l’autre (qu’il soit humain ou non-humain d’ailleurs).
Les chasseurs le savent très bien.
Ils se glissent dans la peau de leur proie, savent comment elle va réagir, et l’attendent exactement au bon endroit.
Pour la tuer.
En marketing, qu’on le veuille ou non, il y a des salauds qui utilisent l’empathie pour capturer notre attention et nous refourguer leur merde de surconsommation.
Ce sont les chasseurs au service du seul profit.
Mais il y a aussi ceux qui utilisent leur empathie pour le bien commun.
Lorsque je donne des graines à cet oiseau, ce n’est pas tant pour lui que je le fait, même si ça m’émeut toujours un peu.
Mais c’est surtout pour le Vivant.
Parce que je sais que c’est un sale temps pour Lui.
Et je sais que le Vivant est une boucle de rétroaction positive sur lui-même : c’est parce qu’il y a de la Vie, qu’il y a de la Vie.
Ce moineau n’est pas qu’un moineau.
C’est un serviteur du Vivant avec des fonctions écologiques très utiles pour l’ensemble de l’équipage.
Et ben c’est pareil pour vos clients Bastien.
Ce ne sont pas que des clients.
Ils assurent tout un tas de fonction dans leur vie de tous les jours pour le Vivant.
Améliorer leur condition d’accès à votre offre (le bac de graine) ce n’est pas les “chasser”.
Ce n’est pas juste “vendre” à quelqu’un.
C’est mettre votre empathie au service du Vivant tout entier.
Je sais, ça fait un peu perché dit comme ça.
Mais ça me semble important de changer de paradigme.
Alors à vous de jouer Bastien.
Mettez vous dans le corps et dans l’esprit de vos clients.
Avec tous leurs tics de langage, leurs croyances, leurs sentiments, leurs peurs, leurs petits tracas du quotidien.
Habitez les.
Pour de vrai.
Pas en surface pour vous targuer que chez vous c’est “service client first”.
Non.
Pour de vrai.
C’est pas tout de mettre un bac de graînes à disposition d’oiseaux affamés et de se prendre pour mère Thérésa.
Il faut aussi qu’il soit dans un lieu hospitalier.
Faîtes du marketing, créez des offres irrésistibles, faîtes preuve de toute l’intelligence d’un chasseur envers sa proie.
Mais faîtes le en mode Robin des Bois, pour aider l’ensemble du Vivant.
Faîtes un max d’argent, mais dépensez le, et dépensez le bien, au service du vaisseau spatial Terre et de son équipage.
L’empathie au service du Vivant, et pas de ceux qui tuent.
Au boulot.
A demain.
Maxence
“Ma corbeille à graînes est ici ;)”
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